À propos d'Anne-Marie
Anne-Marie Asselin est une biologiste qui n'a pas peur de parler de ses convictions et de ses projets d'avenir. Elle est inspirante à cause du travail quotidien qu'elle fait pour notre belle planète et le monde sous-marin.
Mais surtout, elle est passionnée et c'est pourquoi nous voulions absolument qu'elle soit parmi les 5 femmes inspirantes pour notre capsule Rockie.
June Swimwear: D’où te vient cette passion pour le monde marin?
Anne-Marie Asselin: Depuis que je suis toute petite, j’ai une obsession pour l’eau. J’ai toujours été à la piscine, faite de la natation, j’ai toujours pataugé ! Plus jeune, environ de 8 à 16 ans, ma famille louait un chalet dans le bas du fleuve, à Trois pistoles, à côté du chalet de ma meilleure amie d’enfance. Le Bas St-Laurent est une région assez magique avec ses marées descendantes à perte de vue, les aurores boréales du mois d’août, les phoques gris sur les roches. Même à 13 degrés Celsius, l’eau n’était jamais assez froide pour m’empêcher d’aller explorer notre beau fleuve et nager avec les phoques. C’est vraiment là où tout a commencé pour moi, l’univers marin m’a simplement ouvert ses portes ! J’ai commencé la plongée sous-marine à 17 ans, avec maintenant 16 ans d’expérience sous l’eau. S’en sont suivis énormément de voyages, de formations en plongées, en apnée, de stages de recherche, de conservation et de tournages sous-marins !
JS: Qui est ta plus grande inspiration? Et pour quelle raison?
AMA: Rob Stewart, l’auteur du documentaire « Sharkwater », décédé en 2017. Il était un biologiste marin canadien, oeuvrant dans le documentaire, vulgarisateur et « storyteller » hors pair en sciences de la conservation. Il fut le premier à dénoncer la pêche aux ailerons de requins et du commerce très lucratif avec la Chine pour les fameuses et prestigieuses soupes nuptiales aux ailerons. Son travail est probablement ma plus proche référence et inspiration. Grâce à son œuvre, il a su sensibiliser et ouvrir le discours sur la polémique et soulever l’importance de protéger les grands poissons prédateurs.
Quel message aimerais-tu faire passer aux générations futures pour être plus soucieux de l’environnement?
AMA: Les générations futures feront face à des enjeux nouveaux, sans protocoles ni d’histoires du passée pour s’y référer. Ils connaîtront plus d’extinctions d’espèces animales et de pertes d’habitats naturels que toutes les autres générations précédentes. Avec le nombre d’humain qui augmente exponentiellement sur la planète, il est crucial de protéger nos milieux naturels, afin de nous-mêmes persister sur cette planète. Jouer dehors, sortez des sentiers battus, allez nager dans la mer ! C’est en connectant avec notre environnement que l’on comprend l’importance de le protéger !
Peux-tu nous parler d’un de tes projets futurs?
AMA: Je suis en train de lancer mon entreprise de médias et d’actualités en sciences et en environnement, bilingue. Celle-ci s’appelle l’Organisation Bleue et le lancement est prévu pour l’automne 2018. Je travaille avec des associés, collaborateurs et toutes sortes de personnes inspirantes qui se démarquent dans leur société en vivant de nature, d’exploration et d’aventure.
En parallèle, je suis en train de planifier une expédition en Catamaran (voile) de Montréal jusqu’à la Terre de Feu en Pantagonie, prévue pour l’été 2019. Il s’agit du premier projet de long métrage de l’Organisation Bleue, afin de sensibiliser les gens à la conservation de l’environnement côtier et marin. Le bateau et le projet s’appellent Lady Bleue, petit clin d’œil au milieu maritime avec ses bateaux portant le nom de grandes dames. Lady Bleue part documenter avec son équipage, la résilience du milieu marin, afin de focuser sur ce qui fonctionne en bonne gestion. Le projet souhaite présenter l’univers résilient de demain, où l’homme se retrousse les manches pour renverser son sort et prendre en charge la préservation de l’environnement marin. Saviez-vous que près de 50% de la population mondiale habite à moins de 150 km de la côte ? L’expédition hébergera une dizaine de personnes et un protocole scientifique sur la quantification du microplastique sur toute la côte Atlantique américaine. Vous pourrez nous suivre sur le web en série documentaire, mais aussi à partir de 2020, sur les grands écrans pour notre premier long métrage afin souligner la décennie pour les Océans des Nations Unies (2020 à 2030). Allez voir notre site web ! http://www.ladybleue.org
Si tu pouvais être un animal marin, lequel choisirais-tu? Pourquoi?
AMA: Je serai probablement un dauphin simplement parce qu’il s’agit d’animaux côtiers qui voyagent sans cesse en groupes. Ils sont le parfait reflet de mon style de vie, toujours sur la trotte, toujours bien entourée, toujours dans l’eau !
Quel est le plus bel endroit où tu as eu la chance de faire de la plongée?
AMA: Plusieurs… J’ai un peu le syndrome du bébé gâté… Mais les îles Cocos au large du Costa Rica sont probablement l’endroit le plus marquant. J’ai vu plus de requins là-bas que n’importe où ailleurs, combiné. J’ai vu plus d’une dizaine d’espèces, en une plongée j’ai croisée un requin-baleine et un requin-tigre, sans compter les centaines de requins Galapagos et groupes innombrables de requins marteaux. Vraiment exceptionnel ! Par contre, le récif de Ningaloo sur la côte ouest australienne demeure le récif le mieux préservé et diversifié que j’ai vu de ma vie !
D’où t’es venu l’idée de débuter ‘’Lady Bleue’’?
AMA: Plusieurs voyages, plusieurs rêves, plusieurs rencontres. Les gens sont très intrigués par mon métier, par mes voyages et multiples explorations sous-marines. Le milieu de la plongée et de la science marine est très peu représenté par les femmes, surtout les jeunes femmes. Le milieu médiatique en sciences est aussi très peu diversifié. Pensez à M.David Attenborough qui narre les documentaires de la BBC, ou Charles Tissère qui narre Découverte au Québec. Il est grand temps de raconter une histoire dans ce domaine, par des jeunes et de donner une voix plus féminine à la science.
Je cherche à faire découvrir mon univers le plus possible afin de sensibiliser les gens au maximum ! On dit connaître mieux l’espace que nos propres océans… Pourtant, 70% de notre planète qu’on appelle Terre est composée d’eau. Je vous amène donc vivre cette traversée (de fou) à bord de Lady Bleue, à la rencontre de phénomènes et de gens simplement extraordinaires.
Qu’est-ce qui te remplit de bonheur à propos de ton travail?
AMA: De pouvoir réellement vivre de ma passion. Il n'est pas simple de se partir en affaire, mais penser que je réalise mes propres projets pour vrai, avec un plan solide, des gens qui m’appuient, c’est vraiment motivant ! Je travaille aussi avec des ados, afin de former la relève en biologie marine et en environnement. Ce travail m’apporte beaucoup de fierté et de gratification en passant aux suivants. Les jeunes sont très allumés et la plupart très conscientisés de l’importance de conserver nos milieux naturels. Il y a beaucoup d’espoir !
En plus, mon travail me permet continuellement de pousser les limites du « storytelling », de la photo et de la vidéographie sous-marine ! Je ne pourrai jamais me passer de nager avec les requins, les tortues, ou voir des récifs coralliens en santé !
Quelle est ta chanson préférée du moment?
AMA: Vraiment quétaine, mais quand Patrick Bourgeois des BBs est décédé cet hiver (RIP), j’étais au Costa Rica avec mon amie Julie et nous jouions l’album sans cesse… Douteux, mais j’écoute ENCORE « tu ne sauras jamais » à tue-tête dans ma voiture !
Quel est le plus grand défi que tu as réussi dans ta vie jusqu’à présent?
AMA: J’ai un parcours très atypique que je n’échangerais pour rien au monde ! Je crois que celui-ci est ma plus grande fierté. C’est en forgeant que l’on devient forgerons (expression un peu désuète), mais pour ma part c’est vraiment ça. Il n’y a pas de rêve trop grand, il n’y a pas qu’une seule façon de faire. C’est de garder le cap, c’est de s’allouer de l’indulgence envers soi-même, c’est de persévérer, c’est de foncer, d’être à l’écoute de TOUTES les opportunités. C’est de se faire confiance, c’est de travailler fort et de se retrousser les manches quand ça va moins bien. Un gros travail vous direz, celui d’une vie je vous réponds. Mais rien n’est impossible quand on y met l’effort nécessaire.
Concrètement, mes études sont ma plus grande fierté. 15 ans de travail et de rigueur. Mais là avec le lancement de mon entreprise et de l’expédition Lady Bleue, je vous dirais que le jour du départ du bateau en été 2019, je vais sûrement verser des larmes de fierté !
Si tu avais un conseil à donner à la petite Anne-Marie du passé, lequel serait-il?
AMA: Tout vient à point à qui sait attendre.
Mais je ne changerais pas grand-chose de mon parcours. J’ai toujours été fonceuse, audacieuse. Je lui dirais sûrement d’arrêter de stresser dans les moments plus difficiles, je lui dirais sûrement aussi de se faire plus confiance. Mais tsé, c’est ben normal aussi d’avoir vécu des « ups and downs » avec la vie que j’ai choisie !
Team June xx